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Thème 1

De nouveaux espaces de conquête

Thème 2
Thème 3

Histoire et mémoires

Thème 5

L’environnement, entre exploitation et protection

Thème 3


HISTOIRE ET MÉMOIRES

Pierre Nora présente son ouvrage Les Lieux de mémoire

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Historien et mémoires

                   AXE 1 -HISTOIRE ET MÉMOIRES DES CONFLITS

  • Les causes de la première guerre mondiale 

Vidéo: Le dessous des Cartes

1914, les facteurs de la guerre

Traité de Versailles

Comprendre les origines de la guerre d'Algérie

  • Les Harkis

  • La guerre d'Algérie

Témoignages sur la torture pendant la guerre d'Algérie - Archive vidéo INA

Torture pendant la guerre d'Algérie : témoignage des victimes - Archive vidéo INA

Benjamin Stora : "La repentance est un piège politique"

Rapport Stora sur la guerre d’Algérie : "Des travaux pratiques plutôt que des excuses politiques"

Les harkis : ils sont algériens et ont combattu pour la France

Une question controversée : des Algériens combattants pour la France

Les harkis sont considérés comme des traitres en Algérie ou des « martyrs arabes de l’Algérie française » pour des associations de rapatriés. L’armée faisait appel depuis longtemps à des combattants locaux et le service militaire avait été institué en 1912. L’historien Charles-Robert Ageron a dénombré cinq formations supplétives en plus des soldats réguliers pour ce conflit. Guy Pervillé estime que ces unités auraient rassemblé près de 200 000 hommes « soit beaucoup plus que l’effectif total de l’ALN ». Seule une minorité se serait engagée par patriotisme pro-français. La majorité était recrutée parmi des pauvres attirés par la solde. Il y avait aussi d’ex-nationalistes « retournés » par des spécialistes de la contre- guérilla, des hommes voulant se venger d’exactions du FLN et d’autres contraints de s’engager.

Pourquoi est-il si difficile de trouver un accord sur la date de commémoration de la fin de la guerre ?

Le 19 mars 1962, date de la signature des accords d’Évian, correspond à un cessez-le-feu négocié entre les autorités françaises (De Gaulle) et le FLN. Il ne met toutefois pas fin aux violences car les attentats continuent, notamment de la part de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) furieuse de cet accord.

Il faut donc trouver une date qui contente les différents groupes impliqués dans la guerre : les Algériens, les anciens combattants, l’État français, les Harkis. Tout cela est extrêmement complexe car repose sur des concurrences de mémoires, chacun ayant ses propres interprétations des évènements. Le choix du 5 décembre l’emporte car il ne correspond précisément à rien.

 

Pourquoi cette reconnaissance est-elle une étape politique importante ?

Il a fallu attendre 50 ans avant que cette reconnaissance n’ait lieu. Il est toujours difficile pour un État de reconnaître sa responsabilité dans un crime, a fortiori quand celui-ci a été commis dans le passé par d’autres acteurs, et lorsque cette reconnaissance agite des conflits mémoriels mettant en jeu la réputation de l’État, notamment de son armée et/ ou de sa police. C’est pourquoi ce geste de reconnaissance est fondamental. Pour certains, il devrait être la prémisse d’autres reconnaissances encore fortement attendues comme celle du 17 octobre 1961 (voir plus loin).

Pourquoi serait-il utile d’écrire une histoire commune franco-algérienne de la guerre ?

La guerre d’Algérie fait l’objet de multiples appropriations mémorielles et reste sensible dans chacun des groupes, d’autant qu’il subsiste encore des survivants. Même les historiens, qui appliquent pourtant une méthodologie rigoureuse, sont parfois pris à partie dans les débats politiques. À cela, il faut ajouter l’écriture algérienne de l’histoire de la guerre qui procède d’autres formes d’occultations et d’instrumentalisations. Tout cela laisse place à une multiplicité de récits qui ne sont pas concordants. L’écriture d’un récit historique commun permettrait d’abord de surmonter les désaccords par le débat et la négociation, ensuite de mettre en avant le fait qu’il s’agit bel et bien d’une histoire commune et partagée.

                   AXE 2 -HISTOIRE MÉMOIRE ET JUSTICE

Au coeur du Tribunal

Le TPIY se souvient : le génocide de Srebrenica (1995-2015)

Le massacre de Srebrenica

Cette modeste ville de l’est de la Bosnie-Herzégovine est assiégée par les forces des Serbes de Bosnie au printemps 1995, alors même que la ville avait été déclarée « zone sûre » par l’ONU et qu’elle eurent été protégée par des Casques bleus. Après que 400 d’entre eux eurent été pris en otage, ils se cantonnent au strict respect du maintien de la paix, n’ayant ainsi pas les moyens d’intervenir lorsque le général Mladic investit la ville le 7 juillet 1995. Pour éviter d’être pris, une grande partie des hommes de Srebrenica quitte la ville dans la nuit du 11 au 12 juillet pour se cacher dans les bois alentours. Encerclés, ils sont systématiquement tués entre le 14 et le 17 juillet alors qu’ils s’étaient constitués prisonniers. Dans la ville, les forces de Mladic séparent les femmes des hommes et emmènent ces derniers en détention où un bon nombre est exécuté. Le nombre de victimes est estimé à plus de 8 000. Le responsable local est le général Ratko Mladic, commandant de l’armée de la République serbe de Bosnie, dont le président est alors Radovan Karadzic. Au vu des liens entre les deux personnages et du fait que l’armée ne décidait pas de façon autonome de ses actions, la responsabilité de Karadzic est reconnue, bien qu’il affirme ne jamais avoir donné d’ordre de tuer des civils.

                   OBJET DE TRAVAIL CONCLUSIF -L'HISTOIRE ET LES MÉMOIRES DU GÉNOCIDE DES JUIFS ET DES TSIGANES

Garçon du ghetto de Varsovie

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Cette photographie d’arrestation a été prise par des SS lors de la répression de l’insurrection juive du ghetto de Varsovie en 1943. Elle porte plusieurs noms. Cette photographie est issue d’un rapport adressé en 1943 à Himmler. La force de cette image vient de son cadrage avec l’opposition dans le même axe d’un jeune garçon au regard effrayé au premier plan et du soldat armé au second plan. Cette image, très utilisée dans l’édition, a puissamment contribué à la représentation du génocide dans la mémoire collective.

La conférence de Wannsee

Le 20 janvier 1942, une réunion est organisée dans la banlieue de Berlin par Reinhard Heydrich en présence d’une quinzaine de représentants des autorités du Reich. L’objet de cette réunion est de coordonner les projets d’extermination avec les ministères et les autorités concernées. Les crimes de masse ont été mis en place dès l’invasion de l’URSS avec les fusillades des Einsatzgruppen et les essais de gaz à Auschwitz. Lors de cette réunion, Heydrich évoque les 11 millions de Juifs présents en Europe qu’il faut inclure dans le plan de « Solution finale ». L’idée d’une émigration forcée des Juifs hors de l’Europe est abandonnée et un réseau de centres de mises à morts est alors organisé. Il faut mettre en place la déportation des Juifs vers ces centres de mise à mort. La conférence de Wannsee est donc cruciale dans le basculement vers le processus génocidaire.

Auschwitz, la mémoire d'un lieu

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La négation de l'Homme dans l'univers concentrationnaire nazi

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Dossier à lire :

Il y a 70 ans, la libération des camps

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(L'Express)

Commémoration à Auschwitz-Birkenau du 60ème anniversaire de l'ouverture du camp

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Le Mémorial de la Shoah

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Mémorial : lieu de mise en scène publique de la mémoire.  

Le Mur des Noms

Le Mur des Noms a été inauguré le 27 janvier 2005 par le président de la République Jacques Chirac et par Simone Veil, rescapée d’Auschwitz et ex-ministre. Les noms des 75 568 Juifs déportés de France y figurent, dont 11 400 enfants. Ce Mur des Noms a été rénové et inauguré le 3 mai 2019 : le centre de documentation du Mémorial de la Shoah a recensé les erreurs orthographiques ainsi que les noms oubliés, grâce aux descendants ou à de nouveaux documents d’archives : près de 6 200 noms ont été corrigés, 379 noms retirés et 226 noms ajoutés. Le Mur des Noms est de nouveau accessible au public depuis son inauguration le 27 janvier 2020 par Emmanuel Macron.

La Salle des Noms à Yad Vashem

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La photographie présente ici la Salle des Noms : le plafond est constitué d’un cône d’une dizaine de mètres de hauteur orienté vers le ciel. Les parois de la pièce sont recouvertes de près de 600 photographies et feuilles de témoignages. Plus de deux millions de feuilles de témoignages y sont conservées et la paroi extérieure de ce hall est assez vaste pour en contenir six millions : l’objectif du lieu est donc de recenser le plus grand nombre possible de victimes de la Shoah et d’en préserver la mémoire. Chaque visiteur peut effectuer des recherches dans la base de données centrale avec l’aide du personnel de la Salle des Noms. Yad Vashem est donc à la fois un musée, un centre d’archives et un lieu de mémoire des victimes.

La parole contre l'oubli

Mémoires de rescapés de la Shoah

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Extrait

Vichy, la mémoire  emprisonnée.

 

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Le travail de l’historien est fondé sur l’exploitation et la confrontation de documents d’archives. Or les travaux d’historiens sur la France de la Seconde Guerre mondiale sont très peu nombreux après-guerre (hormis l’histoire militaire). En 1954, l'historien Robert Aron publie Histoire de Vichy et popularise la thèse du « bouclier » et de « l'épée ». La construction, dans l’immédiat après-guerre, du mythe résistancialiste conduit très tôt à voir en Pétain un homme soucieux du sort du pays, et espérant, par la capitulation, sauver la vie de nombreux Français tout en laissant le temps à de Gaulle de rassembler une force militaire suffisante pour libérer le pays.

Mais cette thèse du glaive et du bouclier ne survit pas à l’ouverture des fonds d’archives à partir de 1979. En effet l’ouverture des archives à partir de 1979 conduit les historiens à mieux comprendre la collaboration entre la France et l’Allemagne. 

 

En 1973, un jeune historien américain Robert Paxton publie La France de Vichy, dans lequel il démontre, en ayant travaillé sur des archives nazies saisies par l’armée américaine, que le régime de Vichy a collaboré volontairement à la déportation des 76 000 juifs de France. Paxton l’explique par l’antisémitisme des dirigeants de Vichy mais aussi par la volonté de maintenir son indépendance politique dans l’Europe nazie. L'ouvrage de Robert Paxton provoque un séisme historiographique et de nombreux débats. Rapidement, sont établis les liens entre la Révolution nationale et la collaboration, faisant ainsi s’effondrer la thèse "du glaive et du bouclier".

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L'ouverture du procès de Nuremberg

Les Actualités Françaises

1945

Pourquoi avoir choisi la ville de Nuremberg ? 

 

Le choix de la ville de Nuremberg pour la mise en place du tribunal militaire jugeant les plus hauts responsables nazis n’est pas un hasard. C’était le lieu des congrès annuels du parti nazi. Mais, au-delà du symbole historique, le palais de justice de Nuremberg a les dimensions requises pour un procès d’une telle ampleur et surtout il a échappé aux destructions des bombardements. De plus, les infrastructures de la ville sont suffisamment importantes pour recevoir les nombreux participants au procès comme les journalistes de la presse internationale.

Quelles critiques sur le déroulement du procès de Nuremberg ?

Le tribunal de Nuremberg n’a pas été exempté de critiques sur son fonctionnement et son organisation. Tout d’abord, le Tribunal militaire fut qualifié de « justice de vainqueurs » : en effet il est composé de quatre juges issus des États-Unis, de l’URSS, de la Grande-Bretagne et de la France. Certains mettent ainsi en doute l’impartialité des juges et évoquent les crimes de guerres commis par ces pays vainqueurs, comme le massacre des officiers polonais à Katyn par l’URSS. De plus, seuls les plus hauts responsables nazis sont jugés. Enfin, le procès de Nuremberg n’aborde pas la spécificité du génocide des Juifs : la Shoah est confondue avec les autres types de crimes. Les enquêteurs ont eu des difficultés à rassembler suffisamment de preuves car les nazis en on détruit un maximum : le protocole de la conférence de Wannsee n’est ainsi connu qu’en 1947, après le procès de Nuremberg.

Lors du procès de Nuremberg, les pièces à conviction de l’accusation sont composées de 5 000 documents et 7 000 ouvrages nazis collectés. Mais une initiative nouvelle est prise, à peine 5 jours après le début du procès : l’utilisation des images. L’écran de cinéma est au cœur de l’espace, face au public présent dans la salle. Un documentaire intitulé Les Camps de concentration nazis, d’une durée d’une heure, est diffusé. Les images sont celles de la découverte des camps par les Alliés en 1945, et les journalistes présents dans la salle y entrevoient les conditions de vie dans les camps de Mauthausen, Buchenwald, Dachau et Bergen-Belsen. Surtout, il s’agit pour le procureur Jackson de placer les accusés face à la réalité de leurs actions.

Juger les crimes d'Auschwitz : le procès de Francfort

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Extraits du procès d'Adolf Eichmann

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Hannah Arendt  

Philosophe d’origine juive allemande, Hannah Arendt s’est réfugiée aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle publie en 1951 un ouvrage triptyque intitulé Les Origines du totalitarisme qui connaît un très grand succès. Correspondante pour le journal The New Yorker elle assiste au procès Eichmann à Jérusalem. Dans plusieurs articles, elle décrit la banalité d’un homme « insignifiant » et déclare qu’Adolf Eichmann s’est comporté en fonctionnaire obéissant aux ordres, ne sachant plus distinguer le bien du mal. On ne peut, selon elle, dire d’Eichmann qu’il est méchant ou cruel ; c’est un homme « médiocre » qui a choisi de cesser de penser. Ce point de vue est aujourd’hui discuté car les historiens soulignent actuellement davantage la marge d’autonomie d’Eichmann et donc la part de sa responsabilité individuelle. Le fait qu’il soit apparu comme un fonctionnaire banal lors de son procès résulte d’abord d’une stratégie de défense de l’accusé.

Le procès d’Adolf Eichmann peut être considéré comme « le Nuremberg du peuple juif », selon les mots de David Ben Gourion, parce qu’il permet de juger un responsable nazi sur sa participation au processus génocidaire.  De plus, le tribunal est filmé et s’appuie sur des témoignages. Le procès Eichmann a contribué également à la construction d’une conscience collective de la Shoah car un public nombreux y assiste et relaie les événements dans la presse. Il permet une réelle réflexion sur le processus génocidaire qui aboutit à l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité.

La ligne de défense de l’accusé est de plaider non coupable pour chacun des chefs d’accusation. Eichmann considère qu’il n’a pas exterminé les Juifs d’Europe puisqu’il ne l’a pas réalisé de ses propres mains. Il estime qu’il a obéi à des ordres et qu’il s’est ainsi comporté en fonctionnaire de l’État. Cette ligne de défense est fortement remise en question par D. Cesarani qui, à de nombreuses reprises dans sa biographie d’Eichmann, rappelle l’adhésion de ce dernier à l’idéologie nazie et sa participation réelle à des tueries en Europe de l’Est. Il a notamment coordonné la déportation des Juifs hongrois en 1944.

Le jugement du sergent SS Reinhold Hanning

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Reinhold Hanning rejoint les Waffen SS en 1940 à l’âge de 18 ans. En 1942, après une blessure qui le rend inapte au combat, il est transféré au camp d’Auschwitz. Il est fait prisonnier de guerre en mai 1945. Hanning est accusé d’avoir veillé aux transports de personnes entrant dans le camp, en particulier entre mai et juin 1944 lors de « l’Opération Hongrie ». Hanning est mis en accusation en février 2015 pour complicité et assistance aux meurtres de près de 170 000 personnes entre 1943 et 1944. En mai 2015, l’avocat de Hanning cherche à déclarer son client inapte à comparaître en  raison de son âge avancé. Sa comparution doit se limiter à deux heures par jour. Il reconnaît avoir servi à Auschwitz mais plaide non coupable. Il est jugé coupable en juin 2016 et condamné à cinq années d’emprisonnement. Hanning fait appel mais meurt avant le procès en juin 2017.

Révisionnisme et négationnisme

Le négationnisme s’est développé notamment en raison de la destruction des archives centrales des nazis. Venu de l’extrême droite française antisémite dans les années d’après-guerre (Maurice Bardèche), le négationnisme se diffuse de manière plus large et s’observe également dans des milieux d’extrême gauche dans les années 1960. En 1978 paraît dans le journal L’Express une interview de l’ancien commissaire général aux Questions juives sous le régime de Vichy, Louis Darquier de Pellepoix : il déclare « je vais vous dire, moi, ce qui s’est exactement passé à Auschwitz. On a gazé. Oui, c’est vrai. Mais on a gazé les poux ». Robert Faurisson, un professeur d’université, publie la même année un article dans Le Monde intitulé « Le problème des chambres à gaz, ou la rumeur d’Auschwitz ». Les négationnistes se désignent comme révisionnistes, un terme que les historiens réfutent car il s’agit bien de la négation de la spécificité de la Shoah, de la contestation de celle-ci pour des raisons techniques ou en s’appuyant sur des témoignages discutables. Pour répondre aux négationnistes, l’historien Pierre Vidal-Naquet publie en 1981 un ouvrage intitulé Les Assassins de la mémoire. La loi Gayssot de 1990 permet la condamnation de tous propos négationnistes.

Le négationnisme, première théorie du complot ?

Représenter le génocide au cinéma

Nuit et Brouillard d’Alain Resnais

Le titre du documentaire est la traduction française de « Nacht und Nebel » en allemand qui est le nom d’un décret du 7 décembre 1941 qui ordonnait la déportation de tous les ennemis du Reich. Le choix du réalisateur est de mêler images en couleurs et images en noir et blanc (ces dernières sont celles des armées alliées). Le film sort en 1955 mais il est tout d’abord refusé par la commission de censure. L’image du gendarme français au camp de transit de Pithiviers gêne. Après retouche, le film est présenté au festival de Cannes hors compétition. En 1997 sort une nouvelle version du film où le képi du gendarme français est visible. On peut noter aussi que c’est l’année de la circulaire Jospin qui permet l’accès aux archives publiques de la Seconde guerre mondiale, et c’est deux ans après le discours de Jacques Chirac au Vel d’Hiv : l’État français est alors en plein processus de reconnaissance de ses responsabilités.

"La fiction est une transgression, je pense profondément qu'il y a un interdit de la représentation. " Claude Lanzmann

Shoah de Claude Lanzmann

L’œuvre majeure de Claude Lanzmann demeure Shoah. En 2006, il déclarait ainsi qu’« un film comme Shoah, c’est l’élaboration minutieuse et la construction inattaquable d’une mémoire ». Le réalisateur fait le choix de ne diffuser aucune image d’archives ni même d’utiliser de voix off. Le sujet est celui des centres de mise à mort en Pologne (Auschwitz-Birkenau, Chelmno, Treblinka) et la liquidation du ghetto de Varsovie. Afin de réaliser les interviews des victimes, mais aussi des bourreaux, le réalisateur a parfois dû utiliser un faux nom, des faux papiers ainsi qu’une caméra cachée. C’est pour cela que Claude Lanzmann comparait parfois Shoah à une « investigation policière ».

La série télévisée Holocauste

Cette série, réalisée par Marvin Chomsky, est constituée de quatre épisodes en 1978. La volonté du réalisateur est de montrer le destin de deux familles allemandes dans la ville de Berlin : la famille Weiss est juive allemande tandis que la famille Dorf adhère à l’idéologie nazie. Dans la famille Weiss, toute la typologie des destins des Juifs d’Allemagne est étudiée, tandis que la famille Dorf permet de présenter une famille allemande de classe moyenne. La série obtient un énorme succès avec près de 120 millions de spectateurs, notamment en RFA, en Israël ou en France. Si certains aspects de la série ont pu être critiqués, comme ses inexactitudes historiques, elle constitue cependant une étape importante dans l’évolution de la mémoire de la Shoah. Elie Wiesel dénonçait l’impossibilité de représenter le génocide par le cinéma de fiction. En RFA, les débats autour de la série amènent même le gouvernement à allonger le délai de prescription pour les crimes nazis.

Holocauste

Maus d’Art Spiegelman

Dans cet ouvrage autobiographique, l’histoire se déroule à deux époques : les années 1980, pendant lesquelles l’auteur interroge son père sur l’histoire familiale et écrit l’ouvrage, et les années 1930-1940 que racontent Vladek, le père d’Art Spiegelman. Les nationalités sont représentées par des races d’animaux afin de faire écho à la division des hommes en races de l’idéologie nazie. Vladek était juif polonais et fut déporté à Auschwitz en 1944 avec sa femme Anja après des années passées à se cacher. Vladek et Anja ont survécu à Auschwitz-Birkenau et émigrent ensuite aux États-Unis. Pourtant, le suicide d’Anja en 1968 rappelle combien la Shoah a pu détruire. Art Spiegelman choisit de montrer la personnalité de son père parfois difficile, voire désagréable, mais on comprend que c’est aussi le résultat du traumatisme de la Shoah. Maus raconte la survie d’un déporté juif mais également comment un descendant doit vivre avec le poids de cette mémoire.

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Les images d’un génocide sont d’une très grande violence. Elles s’avèrent pourtant essentielles car elles participent à la compréhension de la Shoah et à la transmission de sa mémoire. Le cinéma participe donc à la mémoire collective du génocide des Juifs et des Tsiganes. 

 Dans l’après-guerre, en France, le documentaire Nuit et Brouillard cherche à témoigner de l’expérience concentrationnaire mais cette vision est partielle. C’est pourquoi le film Shoah de Claude Lanzmann, en 1985, d’une longueur inégalée, vient bouleverser la vision du processus génocidaire . Le film La Vie est belle de Roberto Benigni a connu un grand succès auprès du public en choisissant un angle risqué : celui de la comédie sur un sujet difficile comme la Shoah. Ce film, une réussite sur le plan cinématographique, a séduit le public et contribué à la réflexion – parfois critique – sur la possibilité de représenter la Shoah dans une œuvre de fiction. 

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